Comment photographier une éclipse de Lune
Une éclipse lunaire est un événement exceptionnel auquel tout le monde peut assister, observer et photographier.
Cependant, cela n’arrive pas tous les jours, et lorsque cela se produit, il faut se tenir prêt pour immortaliser ce moment.
Photographier une éclipse lunaire n’a rien de vraiment compliqué, mais encore faut-il savoir comment procéder.
Dans cet article, vous allez découvrir tous mes conseils de prises de vues afin que vos images soient réussies.
Qu’est-ce qu’une éclipse lunaire ?
Ce phénomène astronomique se produit lorsque la Terre se situe entre le Soleil et la Lune et recouvre la Lune de son ombre.
Pour qu’une éclipse lunaire se produise, le Soleil, la Terre et la Lune doivent être alignés. Sinon, la Terre ne peut pas projeter une ombre sur la surface de la Lune et une éclipse ne peut pas avoir lieu.
Lorsque le Soleil, la Terre et la Lune se rejoignent en ligne droite parfaite, une éclipse lunaire totale se produit.
Dans le cas où les trois corps sont alignés de telle façon que la Lune est en partie recouverte par l’ombre de la Terre, nous assistons à une éclipse lunaire partielle.
D’autre part, si seule la partie extérieure de l’ombre de la Terre recouvre la Lune, c’est une éclipse lunaire pénombrale qui se produit.
Comme vous le savez, la Lune n’émet pas sa propre lumière mais brille parce que sa surface reflète les rayons du Soleil.
Pendant une éclipse lunaire totale, la Terre se trouve entre le Soleil et la Lune et empêche la lumière directe du soleil d’atteindre la Lune.
De ce fait, le Soleil projette l’ombre de la Terre sur la surface de la Lune.
Même si la Terre empêche la lumière du Soleil d’atteindre directement la surface de la Lune pendant une éclipse lunaire totale, la Lune est toujours visible à l’œil nu.
C’est parce que l’atmosphère terrestre dévie la lumière du soleil et illumine indirectement la surface de la Lune.
Pour bien comprendre, lorsque la lumière du soleil traverse l’atmosphère terrestre, elle se réfracte vers la surface de la Terre, et une partie des couleurs aux longueurs d’onde plus courtes est diffusée et filtrée, tandis que les couleurs aux longueurs d’onde plus longues comme l’orange et le rouge, passe à travers l’atmosphère.
Cette lumière est à nouveau réfractée vers la surface de la Lune entièrement éclipsée, l’illuminant ainsi d’une lueur rougeâtre orangée.
C’est pour cette raison qu’une éclipse lunaire totale est parfois appelée familièrement une Lune de sang.
Comment photographier une éclipse de lune
Avant de lire les informations ci-dessous, je vous recommande vivement de lire mon article “comment photographier la lune“, où vous trouverez de nombreux conseils (y compris les réglages de l’appareil photo).
Vous en aurez besoin pour capturer le début et la fin de l’éclipse, lorsque la Lune est partiellement éclairée par le soleil.
Avant de vouloir photographier une éclipse totale de Lune, vous devez savoir qu’elle se déroule en 7 étapes et dure habituellement quelques heures.
L’éclipse pénombrale commence : Cela commence lorsque la partie pénombre de l’ombre de la Terre commence à se déplacer sur la Lune. Cette phase n’est pas facilement visible à l’œil nu.
L’éclipse partielle commence : L’ombre de la Terre commence à couvrir la Lune, ce qui rend l’éclipse plus visible.
L’éclipse totale commence : L’ombre de la Terre couvre complètement la Lune et commence à prendre une couleur rouge, brune ou jaune.
Éclipse maximale : C’est le milieu de l’éclipse totale.
Fin de l’éclipse totale : À ce stade, l’ombre de la Terre commence à s’éloigner de la surface de la Lune.
Fin de l’éclipse partielle : L’ombre de la Terre quitte complètement la surface de la Lune.
L’éclipse pénombrale se termine : À ce moment-là, l’éclipse prend fin et l’ombre de la Terre s’éloigne complètement de la Lune.
Le matériel pour photographier une éclipse de Lune
Lorsqu’il s’agit de photographier une éclipse lunaire, le type de matériel joue un rôle essentiel.
Contrairement à une éclipse solaire, où vous avez absolument besoin d’une protection oculaire, une éclipse de Lune est sans danger pour les yeux, et peut être observée à l’oeil nu sans lunettes spécifiques.
Pour la photographier, n’importe quel reflex numérique ou appareil photo hybride capable de photographier en mode manuel conviendra.
Si votre appareil photo possède le mode Live View, c’est un plus pour vous aider à faire la mise au point avec précision. Nous y reviendrons plus tard dans la partie “réglages”.
Ensuite, votre boitier doit être capable de gérer le bruit à des sensibilités ISO élevées. J’y reviens plus bas pour vous expliquer pourquoi c’est important.
En ce qui concerne les objectifs à utiliser, il va de soi que de longues focales sont à privilégier pour agrandir davantage la Lune et pour obtenir le plus de détails possible lors de vos prises de vues.
À moins que vous n’envisagiez de photographier la lune éclipsée avec un élément au premier plan, optez pour l’objectif le plus long que vous ayez. Une focale de 300mm est un minimum.
Cependant, une longue focale présente un autre défi auquel vous allez devoir faire face : la vitesse d’obturation.
Habituellement, pour photographier la pleine lune avec un téléobjectif, la vitesse obtenue est assez rapide pour figer le mouvement car la luminosité que renvoie la Lune est intense.
Sauf que lors d’une éclipse de Lune, la lumière est très changeante et diminue rapidement en intensité.
De ce fait, la vitesse d’obturation est constamment en baisse, c’est pourquoi vous devez impérativement utiliser un trépied robuste comme moyen de stabilisation, en veillant bien à désactiver le stabilisateur de votre appareil photo ou d’objectif.
Sans trépied, pas de photos d’éclipses lunaires !
L’idéal étant d’utiliser une monture équatoriale motorisée pour compenser la rotation de la Terre et garantir un suivi de la Lune durant l’éclipse.
Bien qu’elle soit réservée à un public averti, notamment pour les astrophotographes, ce type de matériel vous permet d’utiliser n’importe quelle vitesse d’obturation et sensibilité. De quoi obtenir des images d’une bien meilleure qualité.
Enfin, pour éviter toutes vibrations au moment du déclenchement, je vous conseille vivement d’utiliser une télécommande, ou à défaut d’en avoir une, d’utiliser le retardateur de votre appareil photo.
Dernière astuce, pensez à la fonction “relevage du miroir“, si vous possédez un appareil photo reflex.
- Fonction retardateur avec délais.
- Intervalomètre
- Mode Bulb pour poses longues.
- Réglage du temps d'exposition.
- Sans fil
Passons maintenant aux réglages de votre appareil photo pour garantir une base de travail efficace sur l’exposition.
Les réglages pour photographier une éclipse de lune
Comme nous venons de le voir, une éclipse lunaire est beaucoup plus délicate à photographier que la Lune pour une raison majeure : le manque de lumière.
Cela provient du fait que la Lune devient très sombre lorsqu’elle se trouve dans l’ombre de la Terre.
Lorsque vous photographiez la lune en temps normal, elle est éclairée par le soleil, et est généralement si lumineuse que vous pouvez facilement utiliser des vitesses d’obturation rapides à très faible sensibilité ISO, sans avoir à vous soucier du bruit.
Quand il s’agit de photographier une éclipse lunaire, non seulement vous devrez diminuer votre vitesse d’obturation, mais vous devrez également augmenter la sensibilité ISO de votre appareil photo à une valeur beaucoup plus grande.
Le réglage de la sensibilité sera d’autant plus élevé si vous prenez des photos avec des objectifs d’une focale de 300 mm et plus.
En photographie, de nombreuses situations font que lorsque la lumière est insuffisante, vous devez choisir les bons paramètres d’exposition pour pallier à ce manque. C’est exactement ce que vous devez faire pour photographier une éclipse totale de Lune.
Puisque l’intensité lumineuse de celle-ci va baisser tout au long du phénomène, je vous recommande d’utiliser le mode manuel de votre appareil photo pour ajuster au mieux l’exposition.
Bien que je ne puisse pas vous donner de réglages tout prêts car l’intensité lumineuse de chaque éclipse lunaire est variable, je vais tout de même vous dire comment procéder.
Dans un premier temps, utilisez la plus grande ouverture de diaphragme de votre objectif, de sorte à laisser passer le plus de lumière possible.
Vous pouvez fermer le diaphragme d’un cran ou deux si vous souhaitez obtenir un meilleur piqué, mais vous devrez être vigilant concernant la vitesse d’obturation.
Ensuite, augmentez la sensibilité de façon à obtenir un temps de pose suffisamment rapide pour figer le mouvement de la Lune. Une base de sensibilité de 800 à 3200 iso est à prévoir.
Enfin, il vous reste à choisir la bonne vitesse d’obturation.
Je vous rappelle que vos images doivent être prises sur trépied car c’est un paramètre à ne pas négliger.
En effet, votre vitesse d’obturation va dépendre des réglages de la sensibilité, de l’ouverture, de la position de l’astre lunaire dans le cône d’ombre de la Terre, mais surtout de la longueur focale utilisée.
En fonction de la lumière disponible, la vitesse peut varier énormément. C’est pourquoi vous devez veiller à ce que le temps de pose n’excède pas 2 secondes lorsque vous prenez des photos avec un trépied (sans suivi motorisé), sous peine de générer des images floues, provoquées par la rotation de la Terre.
Pour déterminer le temps pose maximum auquel vous pouvez exposer sans provoquer de flou sur vos images est d’utiliser la règle des 500 pour un capteur plein format ou la règle des 350 pour un capteur APS-C, technique héritée du monde de l’astrophotographie.
Le calcul est très simple à appliquer. Admettons que vous ayez un appareil photo APS-C et un objectif d’une longueur focale de 300mm.
Vous divisez 350 par la longueur focale et vous obtenez le temps en secondes maximum que vous pouvez utiliser.
350 / 300mm = environ une seconde de pose
Pour obtenir des temps de pose plus longs, il se sera nécessaire d’utiliser une monture équatoriale motorisée.
Enfin, vous pouvez aussi vous aider à trouver la bonne exposition grâce à un guide créé par Fred Espenak, un astrophysicien américain ayant travaillé pour la Nasa, et reconnu comme étant un spécialiste dans la prédiction des éclipses.
Tous les calculs d’exposition indiqués dans ce guide sont des estimations, et ne peuvent être appliqués à la lettre, mais peuvent vous servir de base de départ.
L’avantage est qu’une éclipse totale de Lune dure assez longtemps, ce qui vous permet de faire de nombreux essais avant de trouver la bonne exposition.
Dans la colonne supérieure gauche, choisissez la sensibilité ISO.
Ensuite, sélectionnez la valeur d’ouverture de l’objectif (dans la même ligne que la sensibilité).
Enfin, descendez directement sur la partie inférieure du tableau pour obtenir l’exposition correcte à chaque étape de l’éclipse lunaire.
La magnitude d’une éclipse partielle est la fraction du diamètre de la lune plongée dans l’ombre de la Terre (dans le cas d’une éclipse pénombrale, c’est l’ombre pénombrale).
Notez que l’intensité lumineuse d’une éclipse totale est évaluée selon l’échelle de Danjon (L). La colonne (VL) indique aussi les valeurs de luminosité.
L = 0 : Éclipse très sombre.
Lune presque invisible, surtout à mi-parcours.
L = 1 : Éclipse sombre, grise ou de couleur brunâtre.
Les détails sont difficilement discernables.
L = 2 : Éclipse rouge foncé ou de couleur rouille.
Ombre au centre très sombre, tandis que le bord extérieur de l’ombre est relativement claire.
L = 3 : Éclipse de couleur rouge brique.
L’ombre a le plus souvent un bord lumineux ou un liseré jaunâtre.
L = 4 : Éclipse très brillante de couleur rouge cuivrée ou orangée.
L’ombre a un pourtour bleuté et est très lumineuse.
Derniers réglages à faire pour photographier une éclipse de Lune
Enfin, débrayez l’autofocus et passez en mise au point manuelle.
Afin que votre image soit bien nette, je vous préconise de faire la mise au point manuellement sur la courbure lunaire au tout début de l’éclipse, lorsque la lumière est la plus intense.
Vous pouvez également vous aider de la fonction Live View, qui grâce à l’écran arrière de votre appareil photo, vous permettra de réaliser une mise au point précise de la Lune en zoomant dessus.
Je terminerais en vous suggérant de travailler au format RAW pour conserver toutes informations que le capteur de votre appareil photo pourra enregistrer.
Cela vous permettra de corriger en post-traitement l’exposition, les couleurs, de supprimer le bruit numérique et d’ajouter de la netteté par exemple.
Pour résumer :
- Mettez en place votre appareil photo muni d’une longue focale sur trépied, désactivez le stabilisateur et équipez-vous d’une télécommande.
- Activez le relevage du miroir si vous avez un reflex.
- Débrayez l’autofocus.
- Faites la mise au point manuellement directement sur la partie la plus lumineuse ou en vous aidant du Live View.
- Passez en mode manuel pour l’exposition
- Choisissez une grande ouverture
- Utilisez une sensibilité élevée
- Appliquez la règle des 500 sur capteur plein format et la règle des 350 pour un capteur APSC-C, afin de savoir quel temps pose maximum vous pouvez utiliser en fonction de votre focale.
- Trouvez la bonne vitesse d’obturation
- Faites des tests, vous aurez le temps et ça devrait le faire 😉
Voilà, vous avez toutes les clés en main à présent pour réussir vos photos d’éclipse de Lune.
Les prochaines dates d’éclipses lunaires à ne pas manquer
Éclipses de Lune en 2018 :
27-28 Juillet 2018 : Éclipse totale
Éclipses de Lune en 2019 :
20-21 Janvier 2019 : Éclipse totale
16-17 Juillet : Éclipse partielle
Éclipses de Lune en 2020 :
10-11 Janvier 2020 : Éclipse pénombrale
5-6 Juin 2020 : Éclipse pénombrale
4-5 Juillet : Éclipse pénombrale
29-30 Novembre : Éclipse pénombrale
Éclipses de Lune en 2021 :
26 Mai : Éclipse totale
18-19 Novembre : Éclipse partielle
Éclipses de Lune en 2022 :
15-16 Mai : Éclipse totale
8 Novembre : Éclipse totale
Éclipses de Lune en 2023 :
5-6 Mai : Éclipse pénombrale
28-29 Octobre : Éclipse partielle
Super article!!!